Verger d'Oz
Dans l'envie d'autonomie alimentaire, mais aussi pour transmettre les savoirs-faire ancestraux, le Ver Luisant organise plusieurs rendez-vous pour créer des vergers.
Nous avons rendu visite à Grégoire, à St Elix d’Astarac, où il a lancé en 2020, avec l’aide d’une subvention européenne, ses premiers essais de cultures syntropiques.
Ingénieur agronome de formation, c’est en étudiant au Brésil que qu’il a découvert l’agroforesterie. Convaincu de la place nécessaire de l’arbre dans nos paysages agricoles, il a travaillé dans ce domaine avant de cofonder une ferme collective multi-productions dans le Gers : la Ferme des Mawagits.
Après 5 années de maraîchage, et d’expérimentation arboricole, il produit aujourd’hui fruits et petits fruits et récolte des bourgeons pour une activité de gemmothérapie.
L’agriculture syntropique : Kézako ?
L’agriculture syntropique vise à créer des parcelles agricoles productives en imitant les écosystèmes naturels, notamment les forêts, en jouant en 3D pour créer des paysages étagés. Une grande diversité de plantes à très haute densité va ainsi pousser en synergie et produire beaucoup de biomasse, participant à la régénération de sols tout en apportant fertilité et abondance.
Ernst Gotsch, père fondateur de cette méthode, a de cette manière reforesté 350 hectares au Brésil tout en produisant l'un des meilleurs cacao du monde.
A la ferme des Mawagits C’est déjà presque 1 hectare qui est conduit selon ce principe où pommiers, mûriers, cassis, amélanchiers et cornouillers s’épanouissent avec joie. Malgré ces quelques années de recul et de beaux résultats, l’aventure syntropique reste pleine de surprises et revêt des allures d’expérimentations au quotidien !
L’objectif est bien sûr la vente, mais aussi d’accueillir des protocoles de recherche (INRA) sur les parcelles. L’idée étant de mieux accompagner les agriculteur.trices vers des systèmes autonomes et résilients face aux changements climatiques à venir.
En plus de produire des fruits diversifiés, ces parcelles stockeront une grande quantité de carbone, permettront de mieux gérer la ressource en eau, et d’accueillir une myriade d’insectes, oiseaux, et autres joyeuses troupes !
Ces parcelles seront également un excellent lieu pédagogique pour accueillir visites, formations et chantiers autour de l’agriculture syntropique .
Une production de fruits en agroforesterie et sol vivant
C’est sur un coteau séchant non loin de la ferme des Mawagits et accueillant jusqu’à peu blé et tournesol, qu’un nouveau projet atypique de plantation a germé. L’objectif est de planter 1 hectare de verger auto-fertile avec une production principale d’olives et de grenades. Viennent s’ajouter figuiers, pêchers, jujubiers et quelques agrumes pour expérimenter de nouvelles dynamiques sur le territoire gersois. Et cerise sur le gâteau, des arbustes dédiés à la récolte des bourgeons pour l’activité de gemmothérapie.
Au sein du verger, l'olivier trônera tout là-haut, profitant d'un ensoleillement maximum, suivi de près par le grenadier. Sous la ramure de ces deux arbres, s’épanouiront des cornouillers, des viornes, des cassis et d’autres arbustes, profitant d’une ombre bénéfique. Et encore plus bas des plantes aromatiques trouveront leurs places
Quelques notes prises au cours de la visite :
Il s’agit de créer des parcelles autofertiles pour ne pas avoir besoin d’intrants (engrais, eau) ni de traitements. La contre-partie de cette mise en œuvre comprend par contre un gros travail de taille visant à redonner au sol de la biomasse.
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Parcelle plantée en ligne il y a 5 ans
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Strates 1 : la strate haute accueille des plantes émergentes : peuplier, bouleau, eucalyptus … qui sont étêtés tous les ans environ 1m au dessus des fruitiers pour en faire des trognes.
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Strate 2 : Fruitiers avec taille de formation puis c’est tout
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Strate 3 : Noisetiers, sureau, destinés à ëtre taillé régulièrement pour faire de la biomasse
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Strate 4 : cassis et autres petits fruits pour récolte et consommation ou consoude….
Attention à planter de manière très dense sur le rang quitte à ne garder ensuite que les plus beaux sujets. Importance de la densité et de la diversité.
Le ratio de ce que l’on exporte par rapport à ce qui est remis au sol doit être d’environ 40 pour 60
L’évapotranspiration des arbres fait baisser la température ambiante (cf le cycle de l’eau et la pompe biotique)
Ensemencement par litière forestière fermentée :
Prélever en forêt une partie de l’humus pas encore réalisé = la partie avec les filaments blancs + son d’avoine + mélasse ou sucre. Le mélange doit avoir une texture de sciure humide.
Adjoindre du petit lait et de l’eau et laisser macérer une dizaine de jour sans oxygène.
Arroser toutes les plantes (feuilles comprises) tous les 3/4 semaines puis tous les 2 mois.
Associer à des purins si besoin.
Claire Châtelet Juillet 2024